Sunday, August 18, 2013

Dororo (1)

“Hyakkimaru est né sans bras, sans jambes, sans yeux, sans oreilles, sans nez... Pas moins de 48 parties de son corps lui ont été ôtées, chacune ayant été emportée par un démon avant sa naissance. Devenu un jeune homme, il se découvre d'étranges pouvoirs, en particulier celui d'attirer toujours vers lui les monstres et démons. Accompagné de Dororo, un petit voleur assez particulier, il part à la recherche d'un endroit où il pourra enfin vivre en paix. Mais son voyage ne sera qu'une suite ininterrompue de luttes contre les pires esprits malfaisants du Japon.”

Dororo est un manga de samouraï d'un genre plutôt inhabituel.”

[ Texte de la jaquette intérieure de couverture ]


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Dororo (どろろ) est un manga shōnen écrit et illustré par Osamu Tezuka. Il a d'abord été prépublié en feuilleton dans le Weekly Shonen Sunday de Shogakukan (entre le 27/08/1967 et le 22/07/1968) avant d'être compilé en quatre Tankoubon (volumes). Il a été traduit en français par Delcourt et est maintenant également disponible en anglais chez Vertical.

Ce manga a connu de nombreuses adaptations. Il a d'abord été adapté en une série télé d'animation de 26 épisodes, intitulé Dororo et Hyakkimaru (どろろと百鬼丸). Produit par Mushi (le studio de Tezuka) sous la direction de Gisaburo Sugii, il a été diffusé sur Fuji TV (le dimanche à 19h30 entre le 06/04/1969 et le 28/09/1969). En Septembre 2004, Sega a aussi produit un jeu vidéo pour PS2 intitulé "Blood Will Tell”. Finalement, le manga a été adapté au cinéma par Toho en 2007 avec Akihiko Shiota à la réalisation, ainsi que Kou Shibasaki (Dororo) et Satoshi Tsumabuki (Hyakkimaru) dans les rôles principaux. C'est une étrange adaptation (l'histoire se déroule dans le futur) qui se voulait la première partie d'une trilogie (la suite n'a jamais été produite) mais qui respecte bien l'esprit du manga (pour plus de détails voir, en anglais, les sites de Anime News Network, AsianWiki et IMdB).

Le père de Hyakkimaru, Daigo Kagemitsu, était un seigneur de guerre de l'époque Sengoku. Un jour, il se rendit à un temple connu comme le “pavillon des enfers” et demanda à y passer la nuit, seul. Afin de devenir le maître du pays tout entier, il promit à chacun des quarante-huit démons du temple (représentés par des statues) une partie de son fils. Ainsi, son fils naquît muet, sourd, aveugle, sans aucun membres. Il lui manquait quarante-huit parties du corps (incluant nez, nombril, cheveux, etc.). Éplorée, la mère due, malgré elle, abandonner à la rivière cet enfant considéré non viable. Il fut toutefois recueilli par une sorte de médecin de campagne un peu sorcier qui en prit soin et, contre toute attente, il survécu. Le médecin lui fabriqua des prothèses qui lui donnèrent une apparence plus humaine et il développa des habilités surnaturelles (télépathie, fort instinct et “sixième sens”) qui lui permirent de se déplacer et de communiquer comme un être humain normal.

Cependant, sa nature surhumaine attirait démons, spectres et fantômes ce qui s'avérait dangereux pour son père adoptif. Il décida donc de quitter sa maison à la recherche d'un lieu mieux adapté à sa nature. Avant son départ, le médecin le dota d'un sabre, caché dans l'un de ses bras artificiels, et le baptisa Hyakkimaru, l'enfant-aux-cent-démons. Une nuit, un esprit lui avoua que s'il pourchassait et tuait les quarante-huit démons qui lui avaient volé son corps il pourrait peut-être un jour redevenir normal. Plus tard il sauva une jeune voleur (peut-être avait-il senti que, comme lui, l'enfant était plus que ce qu'il prétendait) qui devint son compagnon de route et ainsi tous deux sillonnent les campagnes à la recherche de démons.

Dororo a été créé à l'origine pour bénéficier de l'immense popularité des histoires de fantômes et de monstres (dans la tradition de l'oeuvre de Shigeru Mizuki), mais a fini par devenir plus une quête héroïque. Hyakkimaru et Dororo (dont le nom vient du mot japonais pour voleur, “dorobo") sont tous deux à la recherche de ce qu'ils ont perdu: les parties du corps dispersés de Hyakkimaru et le trésor du père de Dororo. Toutefois, ce manga est bien plus qu'une histoire de samouraï et de voleur sur une mission de pogrom démoniaque. Il s'agit plutôt d'une quête de découverte de soi, sur un fond de lutte de classe (un thème certainement inspiré par l'idéologie de l'époque, notamment le "Zenkyōtō”, ou le mouvement de protestation étudiants, entre les années 1965 et 1972, particulièrement dans les universités de Nichidai et Todai à Tokyo). Comme la plupart des manga de Tezuka, celui-ci est très bien écrit. Le récit est captivant et, en dépit de l'aspect cartoonesque des protagonistes, très sérieux--mais jamais dénué d'humour.

Les protagonistes : Daigo Kagemitsu, le docteur, Hyakkimaru et Dororo
Sans être une oeuvre majeure de Tezuka, cette brève série de manga mérite tout de même notre attention. Cela vaut certainement la peine d'être lu.

Dororo, vol. 1 (de 4), par Osamu Tezuka. Paris, Éditions Delcourt (Label Akata, Coll. Fumetsu), avril 2006. 12.7 x 18.0 x 2 cm, 220 pg., 7.99 € / $13.95 Can. ISBN: 978-2-7560-0154-8. Sens de lecture Japonais. Recommandé pour jeunes adolescents (10+).
Aussi disponible en version anglaise chez Vertical:

Dororo, vol. 1 (of 3), écrit et illustré par Osamu Tezuka, New York, Vertical, avril 2008. 312 pages, 6 x 8 in., B&W, unflipped, paperback, $13.95 US ($15.95 CND), rated 16+, ISBN 978-1-934287-16-3. (Vol. 2: 2008/06/24, ISBN 978-1934287170; Vol. 3: 2008/8/26, ISBN 978-1934287187). Il a été réédité en mars 2012 en un énorme volume de 848 pages (U.S. $24.95 / CAN $29.95, ISBN: 978-1-935654-32-2). Gagnant du Eisner Award en 2009.

Pour plus d'information vous pouvez consulter les sites suivants:

Pour en savoir plus sur ce titre vous pouvez également consulter les entrés qui lui sont consacrées (en anglais) sur Anime News Network, Tezuka in English et le site officiel de Tezuka.

Une autre version de cet article a été préalablement publié dans Protoculture Addicts #96 (May/June 2008): 37.

Dororo © 2006 by Tezuka Productions. All rights reserved. © 2006 Guy Delcourt Productions pour l'édition française.

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