Wednesday, February 24, 2010

Encyclopédie des Animaux de la Préhistoire

“Il y a longtemps, bien longtemps, si longtemps que c'est difficile à imaginer. La nature n'était pas encore polluée, elle était luxuriante et toutes sortes d'animaux vivaient sur la Terre. Ce sont les ancêtres des animaux actuels. Pourquoi l'éléphant est-il si grand ? Comment les ours se sont-ils mis à hiberner ? Confrontés aux terribles changements de la nature, tous ces êtres ont connu des joies et des peines; certains ont évolué, d'autres se sont éteints. Telles sont les lois de la Nature.” [Texte d'intro sur le site de l'éditeur, basé sur la préface de Taniguchi]

Jirō Taniguchi est un mangaka des plus éclectique. On retrouve plusieurs grands thèmes tout au long de son oeuvre, mais chacun de ces thèmes a eut une certaine proéminence durant une période de temps. Ainsi, durant les années '80, il a surtout écrit des histoires policières ou d'action inspirées du roman noir et des histoires inspirées du roman animalier. Dans les années '90, il a développé ses oeuvres maîtresses traitant de la vie quotidienne et des souvenirs. Puis, dans les années 2000, il a surtout abordé des sujets traitant du grand air et de la nature. L'Encyclopédie des animaux de la préhistoire s'inscrit dans son thème animalier et n'est sans doute pas étrangé au fait qu'il ait été, de 1966 à 1972, l'assitant de Kyūta Ishikawa pour lequel il dessinait surtout des animaux.

L'Encyclopédie des Animaux de la Préhistoire [原獣事典 / Gen Juiten] a d'abord été sérialisé entre 1987 et 1990 avant d'être compilé au éditions Futabasha en 1998 (2006 en France). Il s'agit de dix-huit petites histoires courtes (dont deux en couleurs: “Prologue: La Promenade de l'Elasmotherium” et “Chapitre 3: Souviens-toi... Le Mammouth jeffersonien”) qui font six ou huit pages et qui nous introduisent à la vie quotidienne d'autant d'espèces d'animaux préhistoriques (Elasmotherium, Machairodus, Agriotherium, Mammouth, Phororhacos, Pliohippus, Mégatherium, Oxydactylus, Paleomastodon, Protocetus, Kannemeyeria, Cynodictis, Indricothère, Palaeotragus, Proganochelys, Mesocyon, Eozostrodon et Ramapithèque). Les histoires sont toutes suivies d'un commentaire de deux pages, par Ryuichi KANEKO, qui nous en apprend un peu plus sur l'époque, les moeurs ou la physiologie des petites bêtes en question.

Avec L'Encyclopédie des Animaux de la Préhistoire, Taniguchi nous offre un style très réaliste et détaillé (un peu trop peut-être par moment car les planches y sont parfois un peu surchargées). C'est un de ses ouvrages mineurs, qui est plus intéressant pour son aspect “encyclopédique” de vulgarisation scientifique, qui vise sans doute à intéresser les jeunes à la préhistoire, que pour ses récits trop courts. L'ensemble se veut léger mais malheureusement les appendices savants le rendent trop lourd pour être une lecture agréable et relaxante. C'est plutôt original et éducatif, mais pas le genre de lecture à prendre pour tuer le temps dans la salle d'attente d'une clinique.

Encyclopédie des animaux de la préhistoire, par Jirō TANIGUCHI (commentaires par Ryuichi KANEKO). Dargaud (Coll. Kana, label Made In), 2006. B&W (14 pg en couleur), 15 x 21 cm, 164 pgs. 10 €. Recommandé pour adolescents (12+). ISBN: 978-2505000273.
Tales of the prehistoric animal kingdom © 1998 by Jiro Taniguchi. All rights reserved. © Kana (Dargaud-Lombard s.a.), 2006 pour la traduction française.

The ailments of age

When you get near fifty year-old you start getting all sorts of ailments. And you cannot help wondering which one of those will get you in the end. When you have a headache, you wonder “would it be a cerebro-vascular accident? A tumor?” You read some stupid comments on a forum or some hate mail and your heart gets pumpin' or your chest hurt: will it be an heart attack? Or an aortal aneurism? You can't remember a movie title or someone's name: would it be Alzheimer? You have an heartburn: would it be an ulcer? Stomac cancer? You have digestive problems or too much gaz: would it be colon cancer? You get up three times to pee during the night: would it be prostate cancer? You have chronic back pain: would it be an herniated disc? Kidney problems? And so on for each possible organ or body parts...

And you worry so much about those things it makes you sick. You go to a clinic for tests and check-ups, to find some reassurance. There's nothing you can do about it but try to forget about those problems, try to live your life and be happy. As Marcus Aurelius said, there's no use worrying about stuff we don't have control over. It doesn't really work that way, but sometimes you still have good days. You know there will be less and less of those, so you do your best to live in the moment and seize the day...

The quiet job that you thought would lead to a quiet life and more time to think and write, is causing you stomac upset instead? You need to take it with a grain of salt and be as much zen as possible about it. Nothing matters but the enjoyment of life...

Dude, mais où est donc mon syndicat?

C'est la question que je me posais cette semaine. Et je ne suis pas le seul puisque l'équipe du 109 au 429 écrivait récemment une Nouvelle Du Jour titrée “Le SFMM a-t-il survécu à l'élection d'AccèsCible ?”

En effet, l'équipe syndicale en place (bien sûr il s'agit ici du Syndicat des Fonctionnaires Municipaux de Montréal, le SFMM ou SCFP-429) est tellement active (ici vous devez sentir le sarcasme) que nos conditions de travail ne cessent de dépérir! Bon, il faut avouer qu'ils n'en sont pas les seul responsable puisque, après tout, nous (les travailleurs) les avons réélu. Entre ceux d'entre nous qui refusent de se plaindre (et parfois font pression sur leur collèques pour qu'ils en fassent autant) car ils ont la trouille de se retrouver dans un environnement de travail toxique s'ils font trop de vagues et ceux qui sont tellement désillusionné qu'ils pensent que toute action est inutile, et bien il n'y a pas grand chose qui bouge! C'est vrai que, comme je le dis souvent, le syndicalisme est une lame à double tranchant: c'est une défense nécessaire contre l'exploitation des travailleurs mais peut parfois mener à de l'abus (demande excessive, collusion, corruption, etc.); il faut donc en user avec précaution. Toutefois, je vous mets en garde, l'inaction syndicale a un grand coût: cela créé des précédants et le patronat se convainc qu'il peut s'en permettre encore plus. Et cela mène à l'érosion graduelle et inexorable de nos conditions de travail.

Des fois je me demande si le syndicalisme n'est pas simplement une autre façon d'exploiter les travailleurs, de leur soutirer encore plus d'argent tout en les mettant en confiance et en sécurité... Car comment le syndicat peut-il avoir laissé passé des lettres d'entente comme celles qui ont récemment été signées? Comment nous, les travailleurs, avons nous laissé passer cela en votant en assemblé? C'est vrai que ces lettres d'entente, qui concernent pourtant tout le monde, ont été voté par les travailleurs de chaque arrondissement concerné seulement. Diviser pour règner. La décision n'était pourtant pas difficile: une bonne lettre d'entente ou convention collective en est une qui préserve nos conditions de travail ou les améliore. Point. Tout autre résultat est catégoriquement inacceptable... Alors pourquoi les avoir négocié? Pourquoi les avoir voté? Bon, il est vrai que les travailleurs ont voté les ententes à l'aveuglette, sans en avoir préalablement vu et lu les textes, mais pourquoi avoir accepté de telles conditions de vote?

Des fois je me demande si tout ce combat en vaut vraiment la peine. Pourquoi ne pas s'en foutre et simplement faire la petite job pépère qu'on me demande de faire? L'alternative me semble tellement affreuse: pour rétablir la situation (et nos conditions de travail -- notez que j'ai rien à dire sur les conditions salariales, à part l'équité salariale qui se fait attendre) cela voudrait dire une lutte acharnée pour empécher toute nouvelle lettre d'entente d'être signée, pour (re)négocier la convention collective l'année prochaine (incluant de nouvelles lettres d'entente), pour préparer une nouvelle équipe syndicale qui aurait des chances de prendre le pouvoir dans quatre ans, ou alors simplement tout reprendre à zéro et se magasiner un autre syndicat? C'est beaucoup de travail... et peu de gratifications. Mais après ça il faudrait vivre avec des conditions de travail insatisfaisantes et une conscience troublée...

Dude, où est donc mon syndicat quand j'en ai de besoin?

Tuesday, February 23, 2010

This week in the press (2010-02-23)

This week again it's all about the Vancouver Olympics... And very little else!

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(updated 2010/02/24)

Tuesday, February 16, 2010

Quartier Lointain

“Homme mûr de 48 ans, transporté dans la peau de l'adolescent qu'il était à 14 ans, Hiroshi continue la redécouverte de son passé. Questionnant sa grand-mère, ses parents, ses amis, il réalise tout ce qui lui avait échappé lorsqu'il était jeune. Et petit à petit, l'année scolaire avançant, il voit se rapprocher la date fatidique où son père disparaîtra, pour toujours, sans aucune explication. Peut-il changer son passé ou est-il condamné à le revivre, impuissant? Et retrouvera-t-il son existence normale, sa femme et ses enfants?” [Texte d'intro sur le site de l'éditeur] “Prix du meilleur scénario au Festival d'Angoulême 2003. Prix Canal BD des librairies spécialisées en 2003. Prix de la meilleure BD adaptable au cinéma au Forum de Monaco 2004.” [Texte de couverture arrière]

Ce n'est pas un hasard si l'oeuvre de Jirō Taniguchi est souvent adaptée en français par Frédéric Boilet, qui se fait également le héraut de la “nouvelle manga.” Ce genre se définit comme une nouvelle vague de roman graphique qui surpasse les marchés nationaux que sont la BD européenne, le comics américain ou le manga japonais pour offrir une sorte de syncrétisme artistique. C'est un genre d'auteur, plus mature et innovateur que son parent commercial, qui a une prédilection particulière pour le thème universel de la vie quotidienne. Les oeuvres personnelles de Taniguchi, celles dont il est également l'auteur en plus d'en être l'artiste comme c'est le cas pour Quartier Lointain, appartiennent indéniablement à ce genre.

Quartier Lointain [遥かな町へ / Haruka-na machi he], après une sérialisation dans le magazine seinen Big Comic, destiné à un public masculin plus âgé, a d'abord été publié en deux volumes (1998-99 au Japon et 2002-03 en France) avant d'être compilé dans une édition intégrale (2004 au Japon et 2006 en France). Quatre ans plus tôt, avec Le journal de mon père (l'histoire d'un homme qui, après un longue absence, revient dans son village natal pour les funérailles de son père), Tanuguchi avait déjà touché le thème de la réminiscence, mais il y ajoute cette fois une touche de fantastique. Son style habituel, soigné et détaillé, qui sait fort bien rendre toute l'émotion et la sensibilité du récit, est le canevas idéal pour ce superbe travail narratif. Une fois de plus Taniguchi documente d'une façon intimiste la vie quotidienne japonaise.

On s'attend à ce qu'une telle histoire de voyage dans le temps soit une forme de science-fiction introspective, mais c'est en fait clairement du fantastique tel que définit par Todorov. Si Taniguchi n'aborde jamais les causes de l'expérience temporelle de son personnage, il met néanmoins en place les éléments nécessaire pour deux explications opposées: d'une part l'événement survient alors que Hiroshi visite la tombe de sa mère et qu'un papillon croise son chemin, ce qui suggère une intervention divine ou supernaturelle et, d'autre part, comme l'expérience débute et se termine au même endroit et qu'il avait beaucoup bu la veille, on peu imaginer que toute cette histoire est une sorte de rêve ou d'épiphanie éthylique. Toutefois, si cela nous offre une intéressante question rhétorique, l'élément déclancheur du récit n'a guère d'importance. Ce qui intéresse Taniguchi ce n'est pas tant le “comment” que le “pourquoi.”

Une fois qu'on a compris les prémices de l'histoire on ne peut que se demander si Hiroshi sera prisonnier de ce jeune corps, condamné à revivre son adolescence (l'horreur!) ou si le savoir acquit et son expérience d'adulte ne l'amèneront pas à modifier son “futur.” En fait, l'expérience sera doublement transformationnelle. En portant son regard d'adulte sur son enfance il comprend beaucoup de choses qui avaient échappé à l'enfant qu'il était. Inversement, expérimenter à nouveau la vivacité et la vigeur de la jeunesse, lui permet de se ressourcer et de remettre en question sa vie de salarié aux portes de la cinquantaine, un peu trop porté sur l'alcool et qui ne porte plus qu'un intérêt distant à sa famille.

Quartier Lointain nous offre donc une lecture intéressante et intelligente. Ce manga fait définitivement partie des meilleurs oeuvres de Taniguchi, celles qui méritent vraiment notre attention. A noter qu'une adaptation cinématographique, réalisé par Sam Garbarski, est actuellement en préparation en France.

Quartier Lointain: L'intégrale, par Jirō TANIGUCHI. Casterman, 2006. B&W (6 pg en couleur), 17 x 24 cm, 405 pgs. 25.95 € / $54.95 Can. Recommandé pour adolescents (13+). ISBN: 978-2-203-39644-9.
Also available in English from Ponent Mon / Fanfare under the title A Distant Neighborhood Volume 1 and Volume 2 (2009, 200 & 208 pg, £12.99/$23.00 US each). To be reviewed separately later.

Quartier Lointain © 1998, 1999 by Jiro Taniguchi. All rights reserved. © Casterman, 2006 pour la traduction française.

This week in the press (2010-02-16)

This week it's all about the Vancouver Olympics. Well, maybe not…

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Thursday, February 11, 2010

Unshelved #7: Reader's Advisory

“BREAKING LITERARY NEWS FROM THE AWARD-WINNING STAFF OF THE MALLVILLE PUBLIC LIBRARY. Whether it's a Paranormal Romance front coming in from the North, colliding Low-carb and Low-fat Cookbooks causing a whirlwind in the South, or a high-pressure Get Rich Quick system building in the Tri-State area, our news team is there with the reading recommendations you need. Featuring the latest daily and Sunday comic strips from Unshelved, your trusted source for library humor.” [text from the back cover] “Follow the adventures of a young librarian named Dewey, his dysfunctional coworkers, and the people they're supposed to be helping.” [Amazon.com]

Reader's Advisory is the seventh yearly compilation of Unshelved, a daily online comic strip set in an american library. It was originally published on the Unshelved website from February 17, 2008 to February 15, 2009, and ALA CogNotes newspapers in June 2008 and January 2009 (CogNotes is the daily paper of the American Library Association Midwinter Meeting and ALA Annual Conference, where the famous Unshelved “Conference Tips” are published). I have already reviewed the previous six volumes. You can also find more information in the Wikipedia entry, the Official Unshelved Facebook page or the Unshelved Readers Facebook group.

Written (under a pen name) by a real-life librarian who works in an undisclosed library in the Pacific Northwest of the U.S.A., Unshelved is a rather funny comic strip. The art is a little crude and it's probably of a greater interest to me because I work in a library (although it made me laugh even before I started working there). Also, I admit that this particular volume feels a little less funny to me, maybe because the novelty of a witty librarian in riduculous situations is wearing off and previous volumes had more continuity in the story of each strip as they were more or less following a general theme. I don't see that in Reader's Advisory as you have some stories or themes that go on only for two or three strips. However, after seven volumes it still makes me laugh, so I recommend it without hesitation (even more so to my fellow assistant-librarians, for whom it should be a mandatory reading)!

This volume compiles the daily strips (unfortunately not in their original publishing order), some “Library Tips”, the ALA “Conference Tips” as well as the color “Book Club” pages (where the authors illustrate book recommendations). The beauty of it is that you can always read it on the Unshelved website: it's free.

Strip from 2008/03/01:
Some of my favourites: 2008/02/18, 2008/03/03, 2008/03/17, 2008/04/01, 2008/04/02, 2008/04/24, 2008/05/30, 2008/08/23, 2008/09/16, 2008/10/24, 2008/11/11, 2008/11/13, 2008/11/22, 2008/12/26, and 2009/01/30.

Unshelved Vol. 7: Reader's Advisory, by Gene Ambaum and Bill Barnes. Overdue Media, 2009. 10.7 x 8.2 in, 128 pgs., $17.95 US / $22.95 CDN. ISBN-13: 978-0-9740353-6-9.

Unshelved: Reader's Advisory © 2009 Overdue Media LLC. All rights reserved.

Tuesday, February 09, 2010

Le Gourmet Solitaire

“On ne sait presque rien de lui. Il travaille dans le commerce, mais ce n’est pas un homme pressé; il aime les femmes, mais préfère vivre seul; c’est un gastronome, mais il apprécie par-dessus tout la cuisine simple des quartiers populaires… Cet homme, c’est le gourmet solitaire. Imaginé par Masayuki Kusumi, ce personnage hors du commun prend vie sous la plume de Jirô Taniguchi, sur un mode de récit proche de l’Homme qui marche: chaque histoire l’amène ainsi à goûter un plat typiquement japonais, faisant renaître en lui des souvenirs enfouis, émerger des pensées neuves ou suscitant de furtives rencontres. Ainsi la visite d’un sushi-bar au milieu de l’après-midi lui fait-il voir d’un autre œil les innocentes ménagères qui fréquentent le lieu, ou prend-il conscience, à l’occasion du match de Base-ball, des vertus tonifiantes du curry... Le Gourmet solitaire est un met de choix dans l’œuvre de Taniguchi.” [Texte d'intro sur le site de l'éditeur]

De temps en temps Jirō Taniguchi prête son talent d'artiste pour illustrer le récit d'un collaborateur. Il a ainsi travaillé, entre autre, avec Natsuo Sekikawa (Hotel Harbour View, Au temps de Botchan), Shirō Tōzaki (K), Baku Yumemakura (Garôden, Le Sommet des dieux), Yoshiharu Imaizuma (Seton) et même Mœbius (Icare). Dans le cas du Gourmet solitaire il a collaboré avec Masayuki Kusumi (qui a également écrit le scénario du Promeneur et sur lequel on ne connait malheureusement pas grand chose). Si ces collaborations présentent toutes la même qualité artistique (un style raffiné, simple et précis, fort évocateur), on n'y retrouve pas toujours le caractère personnel typique des oeuvres propres à Taniguchi et qui ont fait sa renommé. Toutefois, dans ce cas-ci, on retrouve tout de même l'aspect anecdotique et déambulatoire que Taniguchi avait déjà abordé deux ans auparavant dans l’Homme qui marche.

Le Gourmet solitaire [孤独のグルメ / Kodoku no Gurume] est un manga gastronomique qui nous fait découvrir, en dix-huit histoires très courtes (8 pages chacune), non seulement la cuisine Japonaise (qu'il s'agisse de porc sauté ou d'un bol d'anguilles grillées, de tokoyaki ou de yakiniku, d'oden ou d'udon) mais également plusieurs quartiers de Tokyo (ou même d'ailleurs: Gunma, Osaka, Kawasaki, Kanegawa). Encore une fois, Taniguchi nous dresse tout un panorama de la société nippone. Dans chacune des histoires, le narrateur sort d'une réunion d'affaire et, comme il a faim, il marche dans un quartier pour faire la découverte d'un restaurant et de plats qu'il nous décrit avec précision, le tout assaisonné de souvenirs ou de réflexions évoqués par la situation. C'est donc malheureusement assez répétitif, mais c'est tout de même une lecture agréable—à petite dose.



C'est un manga qui se lit plutôt bien, puisqu'on peut s'arrêter à volonté à la fin de chacune des courtes histoires; on peut le savourer tranquillement et à répétition. Comme la bonne bouffe, c'est un plaisir simple, contemplatif, qui nous offre l'occasion de méditer sur la relation avec notre propre environnement, au détour d'un repas, d'un quartier ou d'une rencontre. La description des lieux et des plats est si précise que je me demande si, en fait, chacune des histoires n'est pas la critique gastronomique de restaurants qui existent réellement...

Succulent mais un peu lourd sur l'estomac.

Le Gourmet solitaire, par Masayuki KUSUMI et Jirō TANIGUCHI. Casterman (Coll. Sakka), 2005. B&W, 15 x 21 cm, 200 pgs. 10.50 € / $21.95 Can. Recommandé pour adolescents (14+). ISBN: 978-2-203-37334-1.


Le Gourmet Solitaire © 1997 by Jiro Taniguchi and Masayuki Kusumi. All rights reserved. © Casterman, 2005 pour la traduction française.

This week in the press (2010-02-09)

Apparently, it was a rather slow week for the news—or I was too busy to really notice. Anyway, the coming weeks will belong to sports, starting this week with the Super Bowl and going on with the Vancouver Olympics. Therefore, most news outlet will probably stop talking about Haiti

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Charlie Rose discusses iPad

On Feb 4, 2010, Charlie Rose discussed the Apple's iPad with Michael Arrington, Walter Mossberg and David Carr:

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Sunday, February 07, 2010

L'Homme de la Toundra

“Perdus dans le grand nord, deux hommes ne doivent leur survie qu'à l'apparition providentielle d'un vieux chasseur, qui leur confie une étrange légende [“L'Homme de la toundra”]; cernés par les loups, deux explorateurs partis enterrer un de leurs compagnons en Alaska luttent pour leur survie [“Le grand ouest blanc”]; dans le Japon des années 20, un homme part sur la piste de l'ours qui a tué son fils [“Nos montagnes”]; un biologiste marin se met en quête du mythique cimetière des baleines... [“Retour à la mer”]. Six nouvelles et autant d'histoires d'hommes confrontés à une nature sauvage, tantôt cruelle, tantôt miséricordieuse, mais toujours grandiose. A travers des récits marqués par un profond respect de la vie animale, Jirô Taniguchi rend hommage à l'oeuvre de Jack London, dont il est d'ailleurs question dans la première histoire. Au sein de cet ensemble singulièrement cohérent, une nouvelle se distingue pourtant: “L'appartement Shōkarō” qui évoque de manière subtile un Japon disparu.” [Texte d'intro sur le site de l'éditeur]

L'oeuvre de Jirō Taniguchi m'a été maintes fois recommandé et je dois avouer que dès la première lecture j'ai été envouté. Son superbe style, précis et poignant, de même que sa narration, concise et adroite—qui progresse toujours à un rythme très lent et quasi-contemplatif—en font un artiste incontournable et le plus zen des mangaka! Et ce sont précisement son art détaillé et ses récits profonds qui le rapproche beaucoup de la bande-dessinée Européenne (dont il reconnait l'influence) et c'est sans doute pour cela qu'il est plus populaire (énormément même) en Europe qu'en Amérique.

L'Homme de la Toundra [凍土の旅人 / Tōdo no Tabibito], publié en 2004, ne fait pas exception et est un superbe exemple du talent de Taniguchi. Toutefois, contrairement à ce que dit le texte de présentation de l'éditeur, ce recueil de six courts récits est un peu inégal dans son ensemble. Le theme général du recueil, d'un caractère très Japonais, est un sujet qui est très cher à l'auteur: le respect et la communion avec la nature. C'est particulièrement évident dans le dernier récit, “Retour à la mer.” Les trois premiers récits, quant à eux, traitent plus de la confrontation avec la nature sauvage et le combat pour la survie. Cependant, deux des récits du recueil se distinguent en s'attachant plus à une autre thématique très chère à l'auteur: il s'agit d'histoires touchantes, qui s'inscrivent dans le quotidien avec une sorte de nostalgie urbaine et semblent souvent autobiographiques. “Kaïyosé-Jima, l'île où accostent les coquillages” offre déjà un environnement plus humain. Suite au divorce de ses parents et à la maladie de sa mère, le jeune Takashi passe l'été chez son oncle, dans un petit village de pêcheurs. Grâce à Yae-chan, une orpheline recueillie par son oncle et qui lui apprend à nager, il oublit peu à peu le chagrin que l'absence de sa mère lui cause. Un jour qu'ils pêchaient des coquillages ensemble, une tempête pousse leur embarcation loin en mer et ils doivent passer une terrible nuit sur une petite ile. Dans “L'appartement Shōkarō,” l'histoire se déroule dans un environnement plus urbain, alors qu'un jeune mangaka est influencé par l'ambiance de son nouvel appartement, situé dans un ancien bordel. Je ne crois pas que ces deux récits rompent totalement avec la thématique de la nature, car ici Taniguchi semble nous dire que nous pouvons toujours communier avec notre environnement, qu'il soit naturel ou urbain.

L'Homme de la Toundra, par Jirō Taniguchi. Casterman (Coll. Sakka), 2006. B&W, 15 x 21 cm, 248 pgs. 11.50 € / $23.95 Can. Recommandé pour jeunes adultes (16+). ISBN: 9782203373846.
Also available in English from Ponent Mon / Fanfare under the title The Ice Wanderer and other stories (240 pg, £11.99/$21.99 US). You can read the comment on the english version elsewhere on this blog.

L'Homme de la Toundra © Jiro Taniguchi, 2005. © Casterman, 2006 pour la traduction française.

Tuesday, February 02, 2010

This week in the press (2010-02-02)

A relatively quiet week dominated by Obama's State of the Union and budget, as well as Apple's iPad announcement. While the tech geeks express their disappointment of the iPad, the pundits ponder its enormous potential and the media moguls wonder if the iPad can really stop the flow of red ink in the publishing industry...

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(updated at 18:12)